Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, I.djvu/689

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M. de Tourny, tous les fonds existants dans chaque paroisse étaient connus, il n’en a été omis aucun, et la vérification n’a pu consister que dans l’examen des estimations des rôles des tailles. Le contrôleur se transportait dans la paroisse ; il rassemblait quelques baux généraux quand il en trouvait, car il n’y a pas de baux particuliers, et quelques contrats de vente ; il cherchait à connaître la valeur de quelques principaux domaines, en s’informant de la quantité et de la valeur de leurs productions.

Il comparait le revenu qu’il avait trouvé par cette voie avec celui qui était porté aux rôles des tailles pour les mêmes articles, et il augmentait ou diminuait tous les autres fonds de la paroisse, à proportion, par une simple règle de trois. C’est ainsi que le taux des vingtièmes a été fixé pour presque toutes les paroisses de la généralité ; et, de cette manière d’opérer, il a dû résulter d’abord que tous les fonds de la province ont été compris au rôle des vingtièmes ; en second lieu, qu’ils y ont été portés au moins à leur valeur, puisque tous les fonds non vérifiés ont été augmentés comme ceux qui l’avaient été plus particulièrement, et dans la même proportion. La généralité de Limoges diffère donc à cet égard de la plus grande partie des autres provinces, dans lesquelles les vingtièmes s’imposent encore d’après les déclarations des propriétaires, et sont imposés en conséquence très-modérément.

Il est à remarquer, et c’est le plus important, que les contrôleurs, dans toutes leurs évaluations, n’ont eu aucun égard à une des conséquences que j’ai tirées ci-dessus de l’explication du système de la petite culture. Je crois avoir démontré que le propriétaire d’un bien affermé dans les pays de grande culture n’étant obligé aux avances d’aucune espèce, qui toutes roulent sur le fermier, celui-ci se réservant toujours, en fixant le prix de son bail, l’intérêt légitime de ces avances, cet intérêt n’étant par conséquent point compté dans le revenu d’un propriétaire de grande culture, il n’est pas juste de le compter davantage dans le revenu d’un propriétaire de petite culture, qui est déjà assez malheureux d’être obligé à cette avance, sans supporter, à raison de l’intérêt qu’elle lui rapporte, deux vingtièmes dont on est exempt dans les autres provinces parce qu’on y est plus riche. Il est donc juste de défalquer du prix des baux où le propriétaire fournit les avances l’intérêt de ces avances, qui n’est point un revenu de la terre, mais une simple reprise des