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Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, I.djvu/759

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portion où elle doit être, il est indispensable de diminuer la masse de ses impositions d’environ 700,000 livres, en répartissant cette diminution partie sur le brevet de la taille, partie sur le second brevet, et partie sur la capitation.


LETTRE À M. D’ORMESSON, SUR CE QUE LA PROVINCE,
AU LIEU D’ÊTRE SOULAGÉE, ÉTAIT SURCHARGÉE.
À Limoges, le 26 novembre 1773.

Monsieur, j’ai reçu la lettre par laquelle M. le contrôleur-général m’a annoncé que le moins-imposé effectif de cette généralité avait été fixé pour 1774 à la somme de 150,000 livres, c’est-à-dire à 50,000 liv. de moins que l’année précédente, indépendamment d’une diminution de 20,000 liv. sur les fonds destinés aux ateliers de charité ; diminution que j’aurais cru devoir tourner en augmentation du moins-imposé effectif. Je vous avoue que j’ai été étonné, et encore plus affligé, de cette diminution dans le traitement que j’avais lieu d’espérer pour la province.

Vous aviez eu la bonté de vous occuper l’hiver dernier des représentations tant de fois réitérées de ma part, et portées, j’ose le dire, à la démonstration la plus complète sur la surcharge qu’essuie depuis si longtemps cette province dans ses impositions. Vous m’aviez paru touché de mes raisons ; M. le contrôleur-général n’en avait pas été moins frappé. En me faisant part des motifs qui vous ont empêché jusqu’à présent de changer la proportion des impositions du Limousin dans la répartition générale entre les provinces du royaume, motifs que je crois très-susceptibles de réplique, vous m’aviez du moins fait espérer de dédommager la province sur le moins-imposé. Je comptais sur cette espérance que vous m’aviez donnée ; je me flattais que le moins-imposé serait plutôt augmenté que diminué relativement à celui de l’année dernière.

Vous pouvez juger combien il a été cruel pour moi de trouver au contraire que la province était moins favorablement traitée cette année. Je ne puis m’empêcher de vous faire à ce sujet les plus vives représentations, et de vous conjurer de les mettre sous les yeux de M. le contrôleur-général.

Il sait que la province essuie encore cette année une augmenta-