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Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, II.djvu/105

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proposai, s’il voulait s’engager à faire passer à Tulle, avant le mois de janvier, 3,000 boisseaux de seigle, mesure de Bordeaux, de le garantir de toutes pertes.

Il me dit que lui et ses associés feraient leurs efforts pour remplir mes vues ; mais quelque temps après ils me mandèrent que la chose était absolument impossible ; que cependant, pour secourir autant qu’il était en eux la province, ils avaient donné des ordres illimités pour acheter des grains dans différents ports, afin de les faire passer en Limousin avant le printemps. En effet, ils firent plusieurs achats, soit en Bretagne, soit à Marans, à des prix fort hauts, et je sais qu’ils ont perdu assez considérablement sur la vente de ces grains. Ils évaluent leur perte à 15 pour 100. Je ne leur ai point demandé un compte exact, parce que je ne les crois point en droit de réclamer à cet égard une indemnité. Je leur en devrais, une, sans difficulté, s’ils avaient exécuté ma proposition de faire passer à Tulle, avant l’hiver, la quantité de grains que j’avais demandée, en leur promettant de les garantir de perte ; mais cet engagement n’existe plus de ma part, puisque de la leur ils n’ont pu en remplir les conditions : les achats qu’ils ont faits à Marans et à Nantes ont été faits pour leur propre compte. Le zèle avec lequel ils se sont exposés à perdre, mérite des éloges et les rend très-favorables ; mais il ne peut en résulter un droit pour réclamer une indemnité. Cependant, la considération résultant, en leur faveur, du zèle qu’ils ont montré, de l’utilité réelle dont leur commerce a été à la province en 1770, enfin de la perte qu’ils firent alors d’un chargement de 300 boisseaux sur la Dordogne, me paraît devoir vous déterminer à porter la totalité de leur indemnité plutôt à 8,000 livres qu’à 6,000 ; en leur accordant 6,000 livres d’indemnité sur la cargaison condamnée à Angoulême, et 2,000 livres à titre de gratification, en considération de l’utilité de leur travail et des pertes générales qu’ils ont essuyées.

Le second objet d’indemnité que j’ai à vous proposer est en faveur du nommé Joseph Touvenin, aubergiste à Limoges. La difficulté d’obliger les boulangers à proportionner exactement le prix du pain à celui des grains, l’impossibilité même de prévenir toutes leurs manœuvres, me déterminèrent en 1770, de concert avec le lieutenant de police de cette ville, à encourager quelques particuliers à faire construire des fours publics où tous les bourgeois pour-