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Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, II.djvu/118

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sans doute elle aura été gardée dans les bureaux de M. d’Ormesson. Je persiste dans la même façon de penser.

Je sens qu’il est avantageux pour les entrepreneurs que les deux services soient réunis, les magasins de l’étape ne pouvant manquer d’être d’un très-grand secours pour la nourriture des chevaux nécessaires à la conduite des troupes. Mais, bien loin que l’utilité de cette réunion me paraisse devoir engager à confier à une seule compagnie l’entreprise de la conduite des équipages dans tout le royaume, je pense que c’en est une pour faire dans chaque province une adjudication particulière des étapes ainsi que des fournitures nécessaires au transport des équipages. Les intendants adjugeraient en même temps les deux services, et je m’en occuperais si vous adoptiez ma proposition, ce que je vous serai infiniment obligé de vouloir bien me faire savoir, lorsque vous serez décidé.

Il y aurait un autre moyen de faire exécuter le service du transport des équipages des troupes qui épargnerait infiniment la dépense, et qui, en réduisant les détails de la régie à la plus grande simplicité, couperait par la racine une multitude d’abus que les ordonnances les plus sages et l’attention la plus vigilante ne pourront jamais parvenir à empêcher dans le système actuel. Vous savez que les voitures et les chevaux se payent de gîte en gîte ; et, en réunissant au salaire prétendu compétent que payent les régiments, ce que paye la province, il en coûte environ 100 sous par cheval à chaque gîte. Par ce moyen, la plus grande partie des effets que transportent les régiments coûtent plus de transport qu’ils ne valent, et souvent il y aurait du profit à les vendre dans le lieu du départ, pour les remplacer par des effets neufs dans le lieu de l’arrivée. C’est un calcul aisé à faire d’après le nombre des gîtes sur une route un peu longue, et que j’ai fait plus d’une fois. Lorsqu’un invalide va de Paris en Roussillon, et que sa route porte qu’il lui sera fourni un cheval, il en coûterait moins d’acheter le cheval à Paris que de payer tous ceux qui sont fournis sur la route. La chose est si palpable, que certainement l’on n’aurait jamais imaginé de faire le service de cette manière, si on l’avait dès le commencement payé en argent. Mais, comme on l’exigeait en nature, comme on était encore alors dans l’erreur que ce qui coûte au peuple ne coûte rien au gou-

    ministration de M. Turgot paraissent ne plus exister. (Note de Dupont de Nemours.)