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Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, II.djvu/206

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heur, par les moyens mêmes qu’ils leur indiquent pour les diminuer !

Sa Majesté compte que tous les curés des paroisses où cette espèce d’hommes chercheraient à s’introduire, préviendront avec soin les habitants contre leurs fatales suggestions.

Des troupes sont déjà disposées pour assurer la tranquillité des marchés et le transport des grains. Les habitants doivent seconder leur activité, et se joindre à elles pour repousser la sédition qui viendrait troubler leurs foyers, et accroître leur misère, sous prétexte de la soulager.

Lorsque le peuple connaîtra quels en sont les auteurs[1], il les verra avec horreur, loin d’avoir en eux aucune confiance ; lorsqu’il en connaîtra les suites, il les craindra plus que la disette même.

Les sublimes préceptes de la religion, exposés en même temps par les curés, assureront le maintien de l’ordre et de la justice. En exerçant ainsi leur ministère, ils concourront aux vues bienfaisantes de Sa Majesté ; elle leur saura gré de leurs succès et de leurs soins. Le plus sûr moyen de mériter ses bontés, est de partager son affection pour ses peuples, et de travailler à leur bonheur.


Ordonnance pour la répression des attroupements. (11 mai 1775.)

De par le roi,

Il est ordonné que toutes personnes, de quelque qualité qu’elles soient, qui étant entrées dans des attroupements, par séduction ou par l’effet de l’exemple des principaux séditieux, s’en sépareront d’abord après la publication du présent ban et ordonnance de Sa Majesté, ne pourront être arrêtées, poursuivies ni punies pour raison des attroupements, pourvu qu’elles rentrent sur-le-champ dans leurs paroisses, et qu’elles restituent en nature ou en argent, suivant la véritable valeur, les grains, farines ou pain qu’elles ont pillés ou qu’elles se sont fait donner au-dessous du prix courant.

Les seuls chefs et instigateurs de la sédition sont exceptés de la grâce portée dans la présente ordonnance.

Ceux qui, après la publication du présent ban et ordonnance de Sa Majesté, continueront de s’attrouper, encourront la peine de mort, et seront les contrevenants arrêtés et jugés prévôtalement sur-le-champ.

  1. M. de Loménie, archevêque de Toulouse, et depuis archevêque de Sens, consulté sur la rédaction de cette Instruction aux curés, et chargé d’y mettre la dernière main, y inséra cette phrase, que plusieurs personnes prirent pour un engagement de dévoiler tous les ressorts de la conspiration, et d’en nommer les instigateurs, ce que la qualité des hommes et la nature des circonstances rendaient impossible, comme M. l’archevêque de Toulouse ne l’ignorait pas.

    C’était une imprudence dont on a rendu M. Turgot responsable, et qui a beaucoup envenimé la haine que lui portaient ceux que leur conscience avertissait de se croire désignés. (Note de Dupont de Nemours.)