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Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, II.djvu/242

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commerce des colonies, et plus digne d’obtenir la faveur d’être admis à ce commerce que celui de Rochefort ;

Que la Charente, dont les ports de Rochefort et de Charente forment l’abord, est le débouché naturel de toutes les denrées de la Saintonge et de l’Angoumois ;

Que plusieurs parties du Périgord, du Poitou et du Limousin n’ont de communication avec la mer et l’étranger que par le moyen de cette rivière ; que c’est par elle que leurs habitants peuvent se procurer les marchandises dont ils ont besoin et tirer un parti utile de leur superflu ; que toutes les provinces que cette rivière traverse abondent en vins, eaux-de-vie, fers et autres matières de tout genre, propres au commerce de l’Amérique, et qu’elle peut être rendue navigable dans un plus grand espace, et contribuer à enrichir de nouveau ces pays ;

Qu’ainsi la liberté de commercer directement aux colonies par le port de Rochefort, en donnant au commerce intérieur plus d’étendue et d’activité, sera d’autant plus utile à l’État qu’elle développera davantage les richesses naturelles de cette partie considérable du royaume ;

Que l’établissement d’une partie de la marine royale à Rochefort, loin de former un obstacle aux succès de la demande des officiers municipaux, présente à Sa Majesté de nouveaux motifs pour l’agréer ; qu’elle tend à rassembler dans le même lieu une plus grande abondance de productions et des matières de toute espèce utiles à la construction et au radoub des vaisseaux ; qu’elle offre de l’emploi à un grand nombre de matelots, de constructeurs et d’ouvriers de tous les genres.

Sa Majesté ayant aussi reconnu que la permission demandée, dont l’objet est si intéressant pour les habitants de Rochefort et de toutes les provinces situées sur le cours de la Charente, ne peut être qu’avantageuse au service de la marine royale, elle a jugé qu’il était de sa justice d’avoir égard à ces représentations.

Sur quoi, vu les Mémoires présentés par la ville de Rochefort, et par les officiers municipaux des villes d’Angoulême, de Cognac, de Saint-Jean-d’Angely, de Jarnac, de Saintes et de Tonnay-Charente ; les Mémoires des fermiers-généraux en réponse ; les représentations des négociants de La Rochelle ; ouï le rapport du sieur Turgot, etc., le roi étant en son Conseil,