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Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, II.djvu/256

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pour présenter en même temps au peuple un soulagement qui ôte aux malintentionnés tout moyen de l’inquiéter sur cette opération, de supprimer par la même loi tous les droits sur les grains qui servent à la nourriture du peuple : ce soulagement sera très-considérable, et bien plus fort que le sacrifice fait par Votre Majesté. Il ne lui en coûtera que le dédommagement dû à la ville pour le droit de gare jusqu’en 1782. Ce dédommagement sera de 52,000 livres par an ; mais Votre Majesté a retrouvé cette somme, et beaucoup au delà, dans les changements faits au recouvrement des impositions de la ville de Paris, et dans la suppression de la charge du sieur Le Normand.

Votre Majesté trouvera peut-être encore le préambule de cette loi fort long : je ne crois pas qu’il soit possible d’éviter cette longueur. Il est absolument nécessaire de mettre sous les yeux du public le détail des règlements qu’on supprime, afin qu’il sache ce qu’on supprime et qu’il en connaisse l’absurdité. Tant que ces règlements resteraient dans leur obscurité, l’on ne manquerait pas de crier, comme on l’a fait dans maints et maints réquisitoires, que ces règlements sont le fruit de la sagesse de nos pères éclairés par l’expérience. Au lieu qu’il sera difficile de placer ces grands mots à côté du texte même des règlements fidèlement rapportés dans le préambule.

3o Édit portant suppression des offices sur les quais, halles et ports. — La suppression des règlements de Paris entraîne celle des officiers porteurs et mesureurs de grains, dont l’existence et les fonctions étaient essentiellement liées à cette police et à la levée des droits que Votre Majesté supprime.

Ces offices ont été créés avec une multitude d’autres, non moins nuisibles, auxquels il a été attribué une foule de droits sur les denrées, qui, s’ils étaient mieux régis, suffiraient pour les rembourser en un certain nombre d’années.

Parmi ces officiers sont les jurés vendeurs de marée, qu’il est très-pressant de supprimer, parce qu’il est en leur pouvoir d’anéantir la totalité des droits de Votre Majesté sur le poisson, par une manœuvre très-facile. Ces droits se perçoivent à raison du prix de la vente, et ce sont les jurés-vendeurs qui, conjointement avec quelques revendeurs affidés, fixent ce prix. Votre Majesté, en diminuant l’année dernière les droits sur la marée pour encourager la pêche, s’était engagée à indemniser les jurés-vendeurs de ce qu’ils pou-