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Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, II.djvu/294

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tiques souffrira de grandes difficultés. L’on sait toutes celles que le clergé a opposées lorsque M. de Machault, alors contrôleur-général, voulut exiger des ecclésiastiques des déclarations de leurs biens pour les imposer au dixième.

Réponse de Turgot. — Dès qu’on a renoncé à imposer les biens ecclésiastiques, ce qu’il eût été plus conséquent, quoique moins prudent, de ne pas faire, et ce qui montre combien les privilèges d’ordres en matière de contribution et l’esprit de corps sont dangereux, puisqu’ils peuvent mettre des obstacles efficaces aux opérations les plus justes en elles-mêmes, la difficulté relative au clergé est levée. M. le garde des sceaux ne l’ignore pas. Il était inutile d’y revenir.

Suite des observations du garde des sceaux. — Il me reste encore à faire une observation sur cet article. Tous les propriétaires de biens-fonds ou de droits réels, sans exception, seront assujettis à l’imposition pour les corvées.

Les maisons des villes seront-elles imposées ? Les rentes foncières qui sont sur ces maisons le seront-elles aussi ?

Dans ce cas, ne pourrait-on pas représenter que les maisons dans les villes sont assujetties à des réparations très-coûteuses ; qu’indépendamment des vingtièmes auxquels elles sont assujetties, elles contribuent encore au logement des gens de guerre et aux dépenses nécessaires pour la sûreté et la propreté ?

Je sais qu’on dira que les habitants des villes profitent des avantages des grandes routes, qui facilitent le transport des denrées dont elles ont besoin et des marchandises qui font l’objet de leur commerce, et qu’il est juste qu’elles contribuent aux travaux nécessaires pour procurer cet avantage.

Je me rendrais peut-être à cette objection, si les villes étaient moins chargées qu’elles ne le sont ; mais j’avoue qu’indépendamment de cette considération, je crois encore qu’il est bon de conserver les privilèges des villes, et que celles qui ne sont point taillables ne doivent pas être assujetties à une charge qui n’a jusqu’à présent été supportée que par les taillables.

Réponse de Turgot. — Les campagnes ne sont pas moins exposées au logement des gens de guerre que les villes. Elles le sont avec plus de danger, parce que la police y est moins vigilante et moins forte.

Puisqu’on peut lever les vingtièmes des biens-fonds dans les villes, on peut y répartir une contribution proportionnée à ces vingtièmes.

Les avantages que donnent aux villes la sûreté et la propreté mieux entretenues, y haussent la valeur des maisons et des terrains propres à en bâtir.

Je sais que la répartition des vingtièmes y est imparfaite comme