Aller au contenu

Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, II.djvu/556

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

encore jeunes et déjà mûrs, qui se destineraient aux affaires, briguassent auprès des assemblées d’élection l’honneur de la députation à l’assemblée provinciale, ce qui serait en effet une très-bonne école. Leur traitement ne devant être accordé que pour un mois ou deux séances, et fixé sur un pied modique, comme par exemple de 12 francs par jour ou 15 louis pour la députation, n’exciterait pas l’avarice. Leurs instructions d’ailleurs, ainsi que la nécessité de rendre compte à leurs commettants, étant positives, ces places ne pourraient guère être recherchées que par des gens estimables, et, ne le fussent-ils pas, ils n’y pourraient faire que le bien.

Les assemblées provinciales s’ouvrant trois jours après la clôture des premières assemblées d’élection, c’est-à-dire vers le 11 octobre, pourraient être terminées, quant à leur première séance, avant la fin du même mois. De sorte que l’assemblée générale composée des députés provinciaux pourrait prendre séance à Paris dans les premiers jours de novembre. Je proposerais à Votre Majesté qu’il en fût de leurs députés comme de ceux des assemblées d’élection, et qu’on laissât les assemblées provinciales maîtresses de les choisir parmi leurs membres ou ailleurs. Leur traitement pourrait être de 1000 écus pour six semaines de séjour à Paris, et celui de leur adjoint de 1,000 francs. Ce ne serait pas assez d’argent pour l’ambition avide, ce serait assez pour la sorte de dignité que doit garder un député de province. La dépense totale serait petite.

Chaque député provincial serait tenu d’apporter à Paris l’extrait des registres de sa province, contenant l’état abrégé des élections et la notice succincte des paroisses. Il faudrait bien un mois pour rédiger tous ces extraits en un seul tableau, qui serait l’esquisse du royaume, et quinze jours au plus pour faire le département de l’imposition entre les provinces. L’intervalle de la rédaction des extraits des registres serait employé par les députés aux conférences qu’exigeraient les travaux particuliers des provinces et les secours qu’elles se demanderaient alternativement. Du 15 au 20 décembre, les députés pourraient être retournés à leur assemblée provinciale pour y reporter le résultat de l’assemblée générale, et y rendre compte des objets de leur mission.

Cette seconde session de l’assemblée provinciale, où elle se bornerait presque à partager entre les élections les impositions arrêtées, répartition dont les bases seraient données par le nombre des