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Page:Turgot - Œuvres de Turgot, éd. Eugène Daire, II.djvu/96

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J’observe que la totalité des achats mentionnés ci-dessus ne comprend pas la totalité des grains, riz et fèves qui font l’objet du compte général joint à cette lettre ; il y a quelques parties qui ont été achetées directement de quelques négociants qui les avaient demandées pour leur compte, et qui ont cédé leur marché. Ces parties regardent principalement les fèves que je me proposais de faire distribuer en aumône.

Le sieur Ardent est dans un cas particulier. Outre les soins et les peines multipliées qu’il a prises pour cette opération, c’est lui seul qui en a fait les avances de ses propres fonds toutes les fois qu’il a été nécessaire. Tous les achats de Dantzick en 1770, et tous ceux de 1771, ont été payés avec son papier ; et comme le produit des ventes était fort lent à rentrer, ses avances sont devenues très-considérables : elles étaient portées au 10 février 1771 à plus de 205,000 livres. J’ai déjà eu l’honneur de vous observer que, depuis l’établissement des ateliers, une grande partie des fonds qui rentraient y ont été reversés. Par ce moyen, les avances de M. Ardent se sont perpétuées, et sont restées d’autant plus considérables, que la dépense des ateliers a été fort au-dessus des fonds qui y étaient destinés, en y ajoutant même ceux qui sont rentrés de la vente des grains. Cette avance se trouvait être au 10 de ce mois de 101,616 livres 8 sous 4 deniers. Il n’est pas possible que le sieur Ardent perde les intérêts d’une avance à laquelle il s’est prêté de si bonne grâce, et au moyen de laquelle il a seul soutenu le service. Ces fonds ont été tirés de son commerce, ou il les a empruntés, et il a payé l’escompte des termes qu’il prenait sur le pied d’un demi pour 100 par mois, suivant l’usage du commerce ; il est donc indispensable de lui passer l’intérêt sur ce pied.

Comme le sieur Ardent avait payé sur ses fonds tous les achats faits à Dantzick en 1770, il se trouvait, avant d’entamer l’opération de 1771, en avance d’environ 68,000 livres. Il n’a cependant demandé aucuns intérêts pour cette partie, et dans le compte que j’ai arrêté avec lui, il n’a porté d’intérêts que pour les avances qu’il a faites relativement à l’approvisionnement de 1771 et à la dépense des ateliers de charité.

Vous comprenez que sa situation à cet égard a continuellement varié : à chaque payement qu’il faisait, son avance augmentait ; elle diminuait chaque fois qu’il recevait des fonds, soit du receveur-