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Page:Un été à la campagne, 1868.djvu/36

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LETTRE CINQUIÈME


reflétait complaisamment tant de beautés diverses si rarement rassemblées dans la même personne. Elle regrettait sans doute que tous ces charmes fussent pour le moment en vacance, et que mon oncle fût bien loin, occupé à donner la chasse aux Arabes, tandis qu’il eût fait si bonne figure dans le lit moelleux qui se dressait là et qui n’allait recevoir qu’une pauvre solitaire réduite à se repaître de souvenirs.

Je te l’avoue franchement, ce lit excitait ma convoitise ; j’aurais voulu en occuper la moitié ; j’aurais essayé de faire oublier à la belle délaissée les ennuis du veuvage, et je cherchais sérieusement un prétexte qui me permît de pénétrer dans sa chambre, mais la peur de voir mes avances mal accueillies me retint, et, ma foi ! lorsque ma voisine fut couchée et eut éteint sa lumière, je gagnai tout doucement ma couche, et me mis à faire seule ce que j’aurais si volontiers fait avec une autre.