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Page:Un ancien diplomate.- L'esclavage en Afrique, 1890.djvu/105

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cette triste procession ; nos chameliers échangèrent sans s’arrêter quelques paroles avec les Djellabas, qui conduisaient ces nouvelles recrues de l’esclavage. Ces malheureux cheminaient péniblement sur le sable, sous la surveillance de leurs conducteurs, qui, à coups de kourbache, ranimaient ceux dont l’épuisement ralentissait la marche. Il y en avait de tout âge, de tout sexe ; les jeunes filles seules ne marchaient pas ; elles étaient groupées quatre par quatre sur des chameaux, ainsi que quelques-uns des plus jeunes garçons.

« Je remarquai, particulièrement, un homme d’un certain âge, dont la barbe courte et déjà grisonnante se dessinait en blanc sur sa figure noire. Ce pauvre diable ruisselait de sueur et marchait en avant de la kourbache du Djellab qui avait déjà laissé de nombreuses traces de poussière blanche sur ses épaules noires et nues. Ses genoux fléchissaient sous lui et, de moment à autre, il prenait un petit trot chancelant pour suivre le pas simple de ses compagnons. Je fis signe au Djellab d’échanger la position du vieillard avec celle d’une jeune fille vigoureuse qui était sur un chameau : un balancement négatif de la tête fut sa seule réponse. Pourtant ailleurs, un enfant épuisé criait en se laissant traîner par la main d’un