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Page:Une Vie bien remplie (A. Corsin,1913).djvu/103

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UNE VIE BIEN REMPLIE

Dictionnaire Larousse, dans les traités de chimie en usage dans les écoles publiques.

Plusieurs parmi les militants avaient reçu des envois semblables ; les socialistes virent là un piège policier, et pour y parer ils déclarèrent publiquement vouloir faire leur propagande au grand jour et se servir du bulletin de vote ; ils invitèrent les anarchistes à constituer des groupes pour eux ; d’aucuns même n’avaient pas attendu cette invitation et se séparèrent des socialistes révolutionnaires, les traitant de bourgeois à la guimauve.

Cette fraction, qui n’existe plus, était sincère et animée du sentiment de justice sociale ; plusieurs ont payé de leur liberté ou de leur vie cette propagande par le fait.

Aujourd’hui, il est une autre fraction qui se dit anarchiste ; ce sont des déséquilibrés, véritables nomades, en marge de la société, ennemis du travail. Leur théorie est la reprise individuelle ; ils sont donc moins qu’intéressants.

En somme, il n’y a qu’un parti anarchiste proprement dit ; il a des adeptes dans les différentes classes de la société. C’est, si l’on peut dire, la fraction scientifique du socialisme révolutionnaire. On y trouve des hommes comme le grand géographe « Elisée Reclus ». Leur principe est de s’instruire mutuellement, de s’entr’aider, de n’accepter aucun poste, ni dans l’État, ni dans la commune, ni de voter pour aucun député ou conseiller municipal, etc. ; qu’ainsi libre, n’ayant « ni Dieu ni maître », selon le mot de Blanqui, l’homme, devenu conscient et raisonnable, se vêtira, se logera, se nourrira et travaillera quand il le jugera bon, la raison remplaçant l’obligation. Que la répartition dans la production et dans la consommation se fera tout naturellement, sans direction.

De telles conceptions sont certainement admirables et méritent d’être respectées ; mais pour en arriver là il faudra que les hommes soient devenus parfaits, ce qui ne paraît pas près d’arriver, hélas !

Pour le socialisme, c’est le seul parti qui ait une conception claire, nette et parfaitement définie, le mot révolutionnaire fait encore peur à quelques isolés, mais la masse le comprend ; cela ne veut pas dire que l’on veut soulever des pavés, brûler des usines, non. Cela veut dire tout simple-