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Page:Une Vie bien remplie (A. Corsin,1913).djvu/122

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UNE VIE BIEN REMPLIE

voir et toucher les objets avant d’acheter et où tout est marqué en chiffres connus, et les catalogues illustrés qui vous arrivent à domicile ; on peut vous livrer ce que vous demandez sans vous déranger et une fois la marchandise reçue vous pouvez la retourner si elle ne vous plaît pas. Non, le petit commerçant est appelé à disparaître.

Un exemple, qui va montrer que la réussite est à ceux qui ont de l’argent et savent faire du commerce :

Un homme, qui était venu se retirer au canton après fortune faite à Paris dans les articles de ménage et jardin, était surpris de voir que, dans la petite ville, il y eut dix petits commerçants qui tenaient ces objets, l’un ne vendait que des faulx, des serpes et serpettes, un autre vendait de l’article de chauffage et toujours le plus grand nombre des acheteurs se fournissaient à Paris.

Qu’a fait cet ex-commerçant qui s’ennuyait déjà à ne rien faire ? et aussi sollicité par des neveux, il acheta au cœur de la ville deux vieilles maisons avec cours et jardins très vastes, et pendant que ses neveux allaient à Paris pour apprendre le commerce, il faisait édifier un vaste bâtiment agencé comme les grands bazars, le garnissait de marchandises, chauffage, articles de caves, de ménage, quincaillerie, cuisine, bancs, clôtures en fil de fer, etc. Quant au bout de deux ans il ouvrit ce magasin aux visiteurs, ce fut une révolution ; tous les hameaux et villages du canton vinrent voir cette exposition où on trouvait tout ce dont on avait besoin.

Du coup, tous les autres petits, qui vendaient quelques articles par ci par là, furent obligés de fermer boutique. Deux sont entrés dans ce nouveau magasin comme employés et sont contents de leur sort.

Ceci nous montre qu’aujourd’hui il ne reste qu’un moyen, c’est que les petites bourses s’associent pour monter des maisons de commerce et faire grand, car les petits sans argent sont voués à végéter dans la misère ; ces idées furent approuvées par chacun et M. Billon félicité comme il convenait.

On parla aussi de créer dans chaque mairie une petite bibliothèque ; des lectures à la portée de l’esprit des campagnards ; de bons livres, afin de réagir contre cette litté-