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Page:Une mémoire mondiale.djvu/8

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LA REVUE

successivement incorporés, si bien qu’une personne, de n’importe quelle nationalité, pourra retrouver sans peine aucune le nombre qui correspond à un objet ou à une idée et se reporter immédiatement au casier qui contiendra tous les renseignements qui peuvent l’intéresser.

La recherche et la documentation seront également instantanées : la mémoire mondiale sera plus rapide et plus docile qu’aucune mémoire individuelle, quelque parfaite et éclectique qu’on puisse l’imaginer. Mais le Répertoire Bibliographique Universel ne sera pas seulement cet outil obéissant, il symbolisera encore l’unité humaine, il témoignera sans cesse de l’interdépendance des hommes, il montrera à propos de toutes choses, des moindres inventions comme des moindres pensées, que la collaboration est constante entre les frères ennemis des diverses races et il les persuadera que l’amélioration commune du sort des individus et des peuples est le résultat de leurs efforts accumulés, trop souvent annihilés par leurs malentendus et leurs hostilités.

Et vraiment le sacrice à faire est bien insignifiant en face du résultat entrevu. Pour assurer la perpétuité de l’œuvre du Répertoire Bibliographique Universel, il suffirait de lui assurer les revenus d’un capital de quinze millions de francs environ.

Or, les nations européennes seules, sacrifient chaque année cinq milliards de francs à s’armer les unes contre les autres : c’est le revenu au taux de capitalisation de la plupart des dettes publiques, d’un capital de 175 milliards. Avec ce revenu, il serait possible d’assurer la perpétuité de plus de onze mille œuvres de l’importance du Répertoire Bibliographique Universel.

Nous nous refusons à croire qu’en présence de l’expérience faite et du travail accompli, l’humanité se dérobe, au début du vingtième siècle, au désir de dresser en quelque sorte le compte du labeur intellectuel réalisé par elle. Et si l’humanité se dérobe, nous voulons croire qu’il se rencontrera au moins un homme pour avoir ce désir.

H. LA FONTAINE.
Sénateur de Belgique,
Membre de l’Office International de Bibliographie.
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