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Page:Vénus en rut, 1880.djvu/19

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VÉNUS EN RUT


et tel que les gens de goût les veulent. Mes cuisses offraient des contours heureux et une élasticité rare ; mes fesses auraient eu des autels chez les Grecs, et des préférences chez nos cardinaux ; voilà quelle était ton amie… Ah, folle que je suis, j’oublie de parler de ma tête ; c’est que cette partie de moi-même, comptée pour quelque chose par les hommes, a toujours été faible, et très subordonnée à une autre, que les moralistes veulent mettre sous les lois, sans y parvenir. J’avais la fraîcheur d’une rose nouvelle ; des dents rangées par la simple nature, des yeux bleus, peu grands, mais d’une expression unique lorsqu’ils veulent obtenir ; bouche petite, bordée de lèvres incarnates, des cheveux châtain-clair et bien plantés ; ces avantages réunis formaient l’ensemble d’une physionomie séduisante, et mon innocence aux abois lui prêtait une attraction à laquelle peu de mortels eussent résisté ; on aurait pu dire de moi :


Elle aurait fait hennir le vieux Mufti latin.


À qui étaient destinés tous ces charmes ? Tu le sais, je ne suis pas la seule qui ait consacré ses prémices à qui ne les méritait pas ; mais,


L’occasion, la douce égalité,


et, qui plus est, le besoin irrésistible de me satisfaire ; n’ayant point de principes moraux,