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Page:Véron - Mémoires d’un bourgeois de Paris, tome 1.djvu/74

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Dubois porta aussi toute sa vie le même costume : un habit à larges basques, un gilet de coupe républicaine, un pantalon presque collant, des bottes à mi-jambes garnies d’un liseré de velours. « Mon costume, disait-il, ne va jamais chercher la mode ; mais la mode vient quelquefois chercher mon costume. »

Dubois savait bien l’anatomie, à une époque où on ne la savait guère. C’était un chirurgien habile : il faisait une clinique chirurgicale à l’hospice de l’École, rue de l’Observance. Il y donnait aussi des consultations gratuites. Ses consultations étaient très-suivies par les malades et par les élèves. J’ai vu à cet hospice le fils de Dubois, M. Paul Dubois, aujourd’hui doyen de l’École de médecine, accoucheur de l’impératrice, faire ses premiers pansements. Dubois avait la parole brève ; il tutoyait tout le monde. Il y avait en lui du républicain, mais du républicain ambitieux.

Dubois ne fit pas partie de la maison médicale de l’empereur ; ce fut Boyer qui fut choisi comme premier chirurgien de Napoléon. Dubois dit un jour à Corvisart : « Pourquoi ne m’avais-tu pas mis sur ta liste ? N’étais-je pas, tout aussi bien que Boyer, d’étoffe à faire un premier chirurgien ? — Je ne t’ai pas mis sur ma liste, répondit Corvisart, parce que je voulais être le maître. » D’ailleurs, l’empereur gardait rancune à Dubois depuis l’expédition d’Égypte. Dubois, lors de cette expédition, avait fui comme le corbeau de l’arche, dès qu’il avait vu une fenêtre ouverte, et il n’était point revenu.

Cependant, à la mort de Baudeloque, et sur les instances de Corvisart, l’empereur nomma Dubois accoucheur de l’impératrice.