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Page:Vésinier - Histoire de la Commune de Paris.djvu/405

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infamie soient voués à la haine et à l’exécration publique. Il faut que ces abominables bourreaux, que ces atroces égorgeurs soient dénoncés, stigmatisés en face du monde entier, que tous ceux qui ont conservé un sentiment humain les aient en horreur ! On dit que le plus grand supplice qu’aient inventé les plus abominables tyrans consistait à enterrer un vivant avec un mort. Mais ils n’avaient pas songé encore à ce raffinement de cruauté qui consiste à enterrer pêle-mêle les blessés vivants avec les morts. Ce sont les infâmes tortionnaires de Versailles qui ont eut cette idée féroce. Leur perversité, leur cruauté et leur infamie ont dépassé toute limite. Ces effrayants bandits sont entrés dans l’infini du crime, dans l’illimité de l’atrocité.

Le soir de cette terrible journée du 24 mai, qui a vu verser tant de sang et allumer tant d’incendies par les criminels et barbares envahisseurs de Paris, du haut des hauteurs de Belleville nous avons assisté au spectacle le plus grandiose, le plus terrible et le plus horrible que l’on puisse imaginer. Une longue ligne de feu éclairait Paris comme en plein jour, le séparait et le coupait en deux sur les bords de la Seine. Les flammes étaient si élevées qu’on aurait dit qu’elles touchaient aux nuages et léchaient le ciel. Elles étaient si intenses, si brillantes, qu’à côté d’elles les rayons du soleil auraient ressemblé à des ombres. Les foyers d’où elles s’échappaient