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Page:Valéry - Regards sur le monde actuel, 1931.djvu/110

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L’homme exploite, défriche, ensemence, construit, déboise, fouille le sol, perce des monts, discipline les eaux, importe des espèces. On peut observer ou reconstituer les travaux accomplis, les cultures entreprises, l’altération de la nature. Mais les modifications de l’homme par sa résidence sont obscures comme elles sont certaines. Les effets du ciel, de l’eau, de l’air qu’on respire, des vents qui règnent, des choses que l’on mange, etc., sur l’être vivant, vont se ranger dans l’ordre des phénomènes physiologiques ou psychologiques, cependant que les effets des actes sont pour la plupart de l’ordre physique ou mécanique. Le plus grand nombre de nos opérations sur la nature demeurent reconnaissables ; l’artificiel en général tranche sur le naturel ; mais l’action de la nature ambiante sur nous est une action sur elle-même, elle se fond et se compose avec nous-mêmes. Tout ce qui agit sur un vivant et qui ne le supprime pas, produit