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Page:Valéry - Regards sur le monde actuel, 1931.djvu/171

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que les Grecs, si habiles dans la proportion et la composition des formes, semblent avoir négligé le raffinement dans la matière. Ils se sont contentés de celle qu’ils trouvaient auprès d’eux et n’ont rien recherché de plus délicat, rien qui arrête les sens indéfiniment et diffère l’introduction des idées. Mais nous devons à l’Empire du Ciel l’exquise invention de la soie, celles de la porcelaine, des émaux, du papier, et bien d’autres encore, qui nous sont devenues toutes familières, tant elles se sont trouvées heureusement adaptées aux goûts de la civilisation universelle.

Mais c’est peu que d’admirer et d’utiliser les talents d’une race étrangère, si l’on ne laisse d’en dédaigner les sentiments et l’âme pour se réduire à caresser de l’œil, les vases, les laques, les ouvrages d’ivoire, de bronze et de jade qu’elle a produits. Il y a quelque chose plus précieuse encore, dont ces chefs-d’œuvre ne sont que les démonstrations,