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Page:Valéry - Regards sur le monde actuel, 1931.djvu/196

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parfois, paraît inconcevable : on en démontre l’impossibilité. La paix armée pèse d’ailleurs si lourdement sur les peuples, grève à ce point les budgets, impose aux individus de si sensibles gênes dans un temps de liberté morale et politique croissante : elle contraste si évidemment avec la multiplication des échanges, l’ubiquité des intérêts, le mélange des mœurs et des plaisirs internationaux, qu’il semble à bien des esprits tout à fait improbable que cette paix contradictoire, ce faux équilibre, ne se change insensiblement dans une véritable paix, une paix sans armes, et surtout sans arrière-pensées. On ne peut croire que l’édifice de la civilisation européenne, si riche de rapports internes si divers, si étroits, puisse jamais être brutalement disloqué et éclater en mêlée de nations furieuses.

La politique bien des fois a reculé devant la détestable échéance, qu’elle sait cependant devoir être la conséquence la