Aller au contenu

Page:Valéry - Regards sur le monde actuel, 1931.djvu/67

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ments du passé se trouve exténué, rendu impuissant et même inutilisable par l’agrandissement et l’accroissement de connexions du champ des phénomènes politiques ; car il n’est point de génie, point de vigueur du caractère et de l’intellect, point de traditions même britanniques qui puissent désormais se flatter de contrarier ou de modifier à leur guise l’état et les réactions d’un univers humain auquel l’ancienne géométrie historique et l’ancienne mécanique politique ne conviennent plus du tout.

L’Europe me fait songer à un objet qui se trouverait brusquement transposé dans un espace plus complexe, où tous les caractères qu’on lui connaissait, et qui demeurent en apparence les mêmes, se trouvent soumis à des liaisons toutes différentes. En particulier, les prévisions que l’on pouvait faire, les calculs traditionnels sont devenus plus vains que jamais ils ne l’ont été.