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Page:Valéry - Regards sur le monde actuel, 1931.djvu/74

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tence prétendue des antipodes ; ce qu’il fait encore aujourd’hui, quand il cherche et qu’il trouve dans l’histoire d’hier les moyens de ne rien comprendre à ce qui se passera demain.

Il ajoute que ce bon sens est une intuition toute locale qui dérive d’expériences non précises ni soignées, qui se mélange d’une logique et d’analogies assez impures pour être universelles. La religion ne l’admet pas dans ses dogmes. Les sciences chaque jour l’ahurissent, le bouleversent, le mystifient.

Ce critique du bon sens ajoute qu’il n’y a pas de quoi se vanter d’être la chose du monde la plus répandue.

Mais je lui réponds que rien toutefois ne peut retirer au bon sens cette grande utilité qu’il a dans les disputes sur les choses vagues, où il n’est pas d’argument plus puissant sur le public que de l’invoquer pour soi, de proclamer que les autres déraisonnent, et que ce bien si pré-