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CRIMES ET CHÂTIMENTS

d’abrutissante tyrannie, soit que sa chair et ses nerfs soient plus rebelles aux souffrances que la chair et les nerfs de l’homme d’Europe, l’instinct de la torture semble inné dans les populations natives. Le père punit son fils vicieux en injectant du poivre rouge dans ses yeux. Un fermier a-t-ii à sévir contre un serviteur infidèle, il l’expose des heures entières en plein soleil, bras et jambes liés, ou l’enferme dans un étroit réduit sur un lit de chaux en poudre. Il est dans les mœurs de la police, pour obtenir des aveux, d’appliquer des moxas aux prisonniers et de les suspendre par les cheveux ou les moustaches. Enfin, les voleurs, les voleurs eux-mêmes, ne se gardent pas la foi jurée, et l’on raconte qu’un voyageur qui avait saisi par les pieds un voleur rampant sous la partie inférieure de sa tente ramena bientôt à lui un cadavre décapité : les complices du voleur s’étaient mis à couvert, par cette mesure sommaire, contre toute possibilité de révélations. Longue et extraordinaire serait la liste des exécrables moyens auxquels l’homme de l’Inde a recours pour satisfaire ses passions ou sa cupidité ; mais parmi les plus extraordinaires serait sans contredit celui qui consiste à donner la mort en introduisant dans les entrailles de la victime un bâton effilé. Ce mode de destruction est tellement répandu dans l’Inde, qu’il est même pratiqué par des enfants ! Parmi les criminels traduits devant les tribunaux de l’Inde, on compte souvent de précoces scélérats qui tuent par ce procédé un petit camarade pour s’approprier ses bracelets et ses colliers.