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Page:Vallès - Le Bachelier.djvu/157

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Il prononce je ne sais quels mots, ordonne je ne sais quoi, et s’en va.

Ma mère de faire l’ordonnance et de me veiller comme un agonisant.

« Mais ce n’est pas de cela qu’il s’agit ! Ma maladie, la belle affaire ! un rhumatisme, et après ! C’est de ma dette de Paris qu’il faut parler — dette sacrée !

— Pourquoi sacrée ? » fait ma mère.

Pourquoi ? — Je ne peux pas, je ne veux pas leur conter que, Alexandrine et moi, nous nous sommes aimés !… ils seraient capables d’avertir le père Mouton. Je ne puis que rappeler à mon père sa promesse, et, comme il me répond presque avec ironie, je me dresse devant lui et je lui jette — le bras pendant, la tête haute — ces mots d’indignation.

« Tu m’as menti alors, en m’écrivant ! »

J’ai répété le mot sous son poing levé ! Il ne l’a pas laissé retomber sur mon épaule endolorie, mais il a lâché ces paroles :

« Tu sais que tu n’as pas vingt et un ans et que j’ai le droit de te faire arrêter. »

Encore cette menace !…

Me faire arrêter, ce n’est pas ce qui guérirait mon bras…

Il y a songé sérieusement. On me laisserait quelque temps en prison, le temps de laisser tomber les bruits qui ont pu courir sur mes folies barricadières de Paris.


L’exemple de ces expédients paternels a été donné,