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Page:Vallès - Le Bachelier.djvu/195

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Je connais cette tête, ce teint de cuivre et ces yeux noirs. Ils appartiennent à un évadé qui s’appelle Vingtras.


Je me dandine sur mes jambes comme sur des tiges d’acier.

Il me semble que j’essaie un tremplin : j’ai de l’élasticité plein les muscles, et je bondirais comme une panthère.

Je donne à tous les aveugles ; la monnaie qu’on m’a rendue chez Mme Petray y passe.

Je préférerais un autre genre d’infirmes, soit des sourds ou des amputés qui pourraient voir au moins la mine que j’ai quand je suis habillé à ma manière, et que je marche sans peur de faire craquer ma culotte.


Les Tuileries ! Ah ! voilà le SANGLIER ! — C’est là qu’on faisait les parties de barres, au temps du collège.

Je déteste ce sanglier de marbre, truffé de taches noires faites par la pluie. Legnagna, mon maître de pension, avec son nez rouge, ses joues bleues, ses jambes cagneuses, son air de sacristain, me revient à la mémoire et va me gâter ma journée !…

J’aime mieux passer de côté où le pion défendait d’aller et où étaient les femmes.

Oh ! ces remous de jupe, ces ondulations de hanches, ces mains gantées de long, ces éclairs de chair blanche, que laisse voir le corsage échancré !… Il n’y