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Page:Vallès - Le Bachelier.djvu/299

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dégagé, à une table du café où les émissaires arriveront, le coup fait.


Le coup consiste à tirer sur l’empereur qui doit aller ce soir à l’Opéra-Comique. On l’attendra à la porte ! Feu ! Vive la République !

À moi, Vingtras, de soulever la rive gauche !

On m’a promis que des sections d’ouvriers accourront à ma voix.

Est-ce bien sûr ? Je ne crois guère à ces sections-là, Rock non plus ; je pense bien ! Mais c’est bon pour rassurer les autres, sinon moi. Qu’il y ait des sections ou non, je réponds que si on tire des coups de pistolet, là-bas, on fera parler la poudre, ici.


Il est sept heures. — Ils sont partis !

Nous attendons.

Est-ce le doute, est-ce l’insouciance ? Est-ce un effet des nerfs ou l’effet de la fièvre ? Nous avons le rire aux lèvres.

Le puritain n’est pas là, et nous trouvons moyen de plaisanter nos tournures de conjurés ; car les pistolets et les poignards font des bosses sous nos habits, et nous donnent l’air d’avoir volé des saucissons ou de réchauffer des marmottes.

Nous sifflons des bocks.

Il a été formé une caisse avec les sous que chacun pouvait avoir, et nous vivons là-dessus — jusqu’au grand moment où, si l’on a soif et faim, on