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Page:Vallès - Le Bachelier.djvu/65

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V

L’HABIT VERT

Un camarade m’a conduit dans une crémerie où se trouve une fille dont tout un cénacle est amoureux.

Elle est, en effet, bien jolie, cette brune à tête de juive, et je n’ai jamais éprouvé, à côté de femme de professeur ou de grisette, une impression pareille à celle que m’a donnée le froissement de sa jupe. Puis elle me regarde d’un œil si gai, avec un sourire qui montre de si belles dents blanches !

Elle me regarde encore, toujours — avec une persistance qui commence à me flatter.

Ai-je le charme, décidément ? Elle rit. — Voilà qu’elle éclate !

« Pardon, monsieur, oh ! je vous demande bien pardon ; c’est que vous avez l’air si drôle avec votre habit vert et votre gilet jaune ! »

Et elle repart d’un rire fou qui lui fait venir les larmes aux yeux et serrer les genoux.


Moi, je ressemble à une poupée de coiffeur, à