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Page:Vallès - Le Bachelier.djvu/81

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le geste du maître, deux grands garçons — un qui a de longs cheveux, un autre qui n’en a pas — donnent le signal ; pas seulement pour l’applaudissement mais pour le rire aussi ; pas seulement pour le rire mais pour le ricanement.

J’ai ricané à faux, deux ou trois fois, croyant bien faire, ce qui a produit un très mauvais effet : les voisins qui avaient ricané d’après moi, de confiance, croyant que j’obéissais au signal du Chauve ou des Longs cheveux m’en veulent beaucoup et me le montrent.

Aussi j’attends maintenant que le ricanement soit absolument adopté ; que le rire soit indiscutable ; que le bravo soit bien le bravo qu’il faut, avant de faire n’importe quoi qui indique l’enthousiasme, ou la joie, ou l’amertume. Je ne pars jamais avant les autres.

Je pars après quelquefois !

Je viens trop tard, et ma manifestation attardée, solitaire, me compromet encore. Toute la salle se tourne vers ce monsieur qui semble se moquer du monde.

J’y mets de l’orgueil ; je n’ose pas avoir l’air de n’être qu’un écho stupide, et je continue tout seul à faire des gestes ou à pousser de petits cris.

— Mais taisez-vous donc ! me crie-t-on de toutes parts. Est-il bête, cet animal-là !


Pourquoi Michelet a-t-il, de temps en temps, comme des absences ?

J’ai lu ses Précis, ses Histoires. Ça vivait et ça lui-