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Page:Vallès - Le Bachelier.djvu/92

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il est né dans le même département, la même ville, presque la même rue.

« Dans mes bras ! » s’écrie-t-il, quand il l’apprend.

Son nez qui est colossal me gêne beaucoup pour cette embrassade. Il a une habitude bien gênante aussi : il fait chut ! dès que vous voulez parler et vous met le doigt sur la bouche.

C’est qu’il est des sociétés secrètes ; voilà pourquoi !

« J’amènerai des hommes des Saisons. »

J’ouvre la bouche pour le remercier, il met son doigt.

« Et de l’Aide-toi, le ciel t’aidera, » répond-il.

Je fais un geste, il remet son doigt ; il le laisse même trop longtemps. J’ai envie de respirer, tiens !


Quand je dis au Comité directeur (le noyau a pris le nom de Comité depuis l’averse) que nous aurons des hommes des sociétés secrètes, l’effet est énorme.

— Alors ce n’est plus une manifestation, c’est une révolution !

Quelques mots graves sont prononcés : « J’aurais voulu embrasser ma mère avant ce jour-là ! — N’avoir encore rien connu de la vie ! — Nous irons souper chez Pluton ! »


Le grand jour est arrivé.

Je vais chez Lepolge en longeant les murailles, ce qui me salit beaucoup.

« Les Saisons sont-elles averties ? »