Page:Vandérem - La Victime, 1907.djvu/89

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Quelques lâches sourires de complaisance accueillirent cette injure facile. Mais Gégé ne les aperçut même pas. Il était abîmé de chagrin. Toutes les tristesses des jours derniers s’amalgamaient en lui avec cette déception suprême. Pourquoi la malchance s’acharnait-elle ainsi contre sa quiétude, ses rêves et ses plaisirs ? Les paroles de M. Lecherrier lui revinrent à la mémoire. Il songea à son père, à sa mère, séparés, ennemis. Il mêlait dans le même regret sa soirée perdue et le ménage de ses parents désuni. Il se sentait abandonné, persécuté, et, pour la première fois de sa vie, malheureux. Comment garder pour soi tout cela ? Et, sitôt levé de table, entraînant à part Pierre de Ribermont :