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Page:Vandervelde - La Belgique et le Congo, le passé, le présent, l’avenir.djvu/133

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Times du 18 mars 1895 publia une correspondance de Bruxelles, directement inspirée, sinon rédigée par le Roi, qui mettait la Belgique en garde contre la décision qu’elle allait prendre ; des renseignements réclamés par la commission parlementaire ne vinrent pas ; le projet ne fut soutenu officiellement que pour la forme ; on se contenta de rembourser M. de Browne de Tiège ; et finalement, le ministre des Affaires étrangères, M. de Mérode, justement offensé du rôle qu’on lui avait fait jouer, donna sa démission.

Cependant, la convention de 1890 subsistait : la question du contrôle de la Belgique sur les emprunts congolais restait entière, et, de plus, on pouvait croire qu’à l’expiration de la dixième année, le gouvernement proposerait aux Chambres d’effectuer la reprise.

Mais, quand ce moment arriva, le Roi ne voulut pas plus de l’annexion qu’en 1895, et le nouveau chef du cabinet, M. de Smet de Naeyer, qui n’avait rien à lui refuser, ne consentit pas seulement à ajourner la reprise : il accepta de proposer au Parlement un projet de loi par lequel la Belgique, sans même réserver formellement son droit d’annexer, renonçait, pour un temps indéfini, au remboursement de ses avances ou des intérêts de ses avances, et, d’autre part, abandonnait, purement et simplement, le droit de se faire donner des renseignements sur la situation financière et économique, ainsi que le droit, beaucoup plus important, d’autoriser les emprunts congolais.

Si disposée que fût la majorité conservatrice des deux Chambres à accepter, les yeux clos, tout ce que le gouvernement lui proposait, il apparut, cette fois, que M. de Smet de Naeyer — le plus complaisant des ministres qu’ait jamais eu Léopold II — avait dépassé la mesure. Un projet de reprise immédiate, déposé par M. Beernaert, échoua devant l’opposition déclarée du Souverain[1] ; mais un amendement fut introduit par la

  1. Le Roi écrivit à M. Woeste, membre de la Section centrale qui examinait le projet de Smet, une lettre personnelle, très dure pour M. Beernaert,