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Page:Vandervelde - La Belgique et le Congo, le passé, le présent, l’avenir.djvu/149

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célébra ses funérailles, en grande pompe, au milieu d’une foule immense dont l’attitude, peu recueillie, fit scandale.

Le Roi déclarait ne posséder rien d’autre que les quinze millions dont il avait hérité : à peine était-il enterré, que les avocats des princesses se mettaient en quête, procédaient à des opérations d’inventaire, interrogeaient des personnes de l’entourage royal, et ne tardaient pas à découvrir qu’à côté des 15 millions légués à ses filles, Léopold II possédait tout une fortune ; placée ou déposée dans des sociétés ou des fondations d’une légalité au moins douteuse.

Dès le premier jour, on apprit, par le Moniteur belge, qu’à la date du 27 novembre 1909, le Roi avait fondé, au capital de 12.400.000 francs, une prétendue société commerciale, la Compagnie pour la conservation et l’embellissement des Sites, dont presque tous les apports consistaient en immeubles ayant appartenu à la Fondation de la Couronne[1].

Quelques semaines après, les journaux annonçaient que le Roi et son médecin le Dr Thiriar, avaient fondé, au capital de 2.480.000 francs une société civile, la Société de la Côte d’Azur, pour les résidences d’hiver de la famille royale ou pour l’hospitalisation des convalescents du Congo. La majorité des

  1. À la première séance d’inventaire, le baron Aug. Goffinet, administrateur de la Liste civile, déclare que « la fortune royale comprend, outre l’avoir et les litres auxquels se réfère le testament royal, les parts sociales attribuées au roi Léopold II dans la Société des Sites.
    xxxx « Il déclare en outre qu’il lui a été fait, à lui, Auguste Goffinet, attribution de sept mille parts dans la Société des Sites pour des immeubles qu’il a, lui, apportés, mais qui, en réalité, ne lui appartiennent pas.
    xxxx « Ils ont été acquis, d’après les ordres du Roi, au moyen de fonds du Domaine de la Couronne.
    xxxx « Le baron Constant Goffinet déclare également qu’il avait apporté à la même Société des Sites deux immeubles qui avaient été acquis, d’après les ordres du Roi, au moyen de fonds appartenant à la Fondation de Niederfullbach.
    xxxx « Il fut en outre déclaré que le Roi possédait, outre les valeurs précitées :
    xxxx « 1° 10.000 hectares dans le Mayumbe ;
    xxxx « 2° Certains immeubles qui avaient été acquis par des tiers pour le Roi.
    xxxx « Le baron Goffinet déclare, pour le surplus, qu’il était encore inscrit à son nom deux séries d’immeubles, situés à Ixelles et dans les environs des rues Galilée, du Pôle et du Méridien, et qui, en réalité, avaient été acquis avec des fonds ne lui appartenant pas. »