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Page:Vandervelde - La Belgique et le Congo, le passé, le présent, l’avenir.djvu/161

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Dekese, Belo et Nepoko. Ces réserves sont teintées en vert foncé sur la carte annexée au décret[1].

Un autre décret, daté également du 22 mars, supprime le droit de licence de 5 000 francs par établissement créé pour la récolte des produits domaniaux, et le remplace par les impôts suivants, sur le caoutchouc autre que le caoutchouc de plantation, récolté dans le territoire de la colonie : un impôt de 0 fr. 73 par kilogramme de caoutchouc provenant d’arbres ou de lianes ; un impôt de 0 fr. 50 par kilogramme de caoutchouc dit « des herbes »[2].

Il est inutile d’insister sur l’importance du décret supprimant l’ « exploitation en régie ».

C’est, au moins en principe, le triomphe de la liberté commerciale ; c’est, dans le délai de trois ans, la fin du système qui refusait aux indigènes la libre disposition des produits naturels de leur sol.

Aussi est-il naturel qu’au Conseil colonial, M. H. Speyer ait dit que c’était une grande joie pour lui de prendre part au vote qui allait abolir le régime détestable qu’en 1905, déjà, la Commission d’enquête avait condamné. .

    Mais — ajoutait-il — cette joie n’est pas sans mélange, et j’éprouve quelque amertume à l’idée que tant d’autres qui ont été à la peine n’auront pas comme moi cet honneur. Et c’est pourquoi, au seuil de ce débat, je tiens à rendre hommage au R. P. Vermeersch, ce prêtre admirable qui revendiqua les droits des indigènes avec tant de courage et de dignité, à Camille Janssens, cet ancien Gouverneur général qui brisa sa carrière plutôt que de signer un des décrets que nous allons abroger aujourd’hui, à A.-J. Wauters et Touchard, qui défendirent la liberté du commerce avec talent et ténacité, à Félicien Cattier, dont le livre vengeur et mémorable fut comme le premier coup de pioche qui ébranla l’œuvre déplorable que nous démolissons aujourd’hui *

  1. Bulletin officiel du Congo belge, 25 mars 1910, pp. 315 et suiv.
  2. Ibid., pp. 344 et suiv.
*. Compte rendu analytique de la séance du Conseil colonial du 12 mars 1910. Année 1910, p. 282. Qu’il nous soit permis de regretter que M. Speyer n’ait pas associé à cet hommage, le plus ancien adversaire du système Léopoldien, notre collègue Georges Lorand.