Aller au contenu

Page:Vandervelde - La Belgique et le Congo, le passé, le présent, l’avenir.djvu/228

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pays déjà civilisés de l’Asie ou de l’Afrique du Nord, nous assistons en ce moment même à un mouvement considérable des « educated natives » de l’Hindoustan, de l’Indo-Chine, de l’Égypte, de l’Algérie ou de la Tunisie, vers l’indépendance, ou, du moins, vers une autonomie de plus en plus large et, si des difficultés graves — telles que, par exemple, dans l’Inde, l’antagonisme entre Musulmans et Hindous — doivent nous mettre en garde contre des solutions trop simplistes, nous ne pouvons que sympathiser avec l’effort de ces nationalistes pour donner à leur peuple une conscience nationale.

Mais, il faut le reconnaître, la question se pose dans des termes différents quand on se trouve en présence de populations vivant à l’état sauvage, ou demi-sauvage, n’ayant pris de la civilisation que tout juste assez pour avoir renoncé en partie à leurs anciennes coutumes, sans s’être réellement assimilé des principes nouveaux.

Supposons, par exemple, que des radicaux et des socialistes, résolument et inflexiblement anticolonialistes, arrivant au pouvoir en France, en Angleterre, en Allemagne ou en Belgique, décident, au nom de ce principe que toute exploitation de l’homme par l’homme doit être abolie, l’évacuation immédiate, l’abandon sans délais du domaine colonial possédé par leur pays dans Afrique équatoriale.

Tout d’abord, il est infiniment probable que le gouvernement colonial ainsi supprimé, ferait immédiatement place au gouvernement colonial d’une autre nation.

Mais allons plus loin, et admettons — si invraisemblable que soit l’hypothèse — que toutes les nations civilisées se mettent simultanément d’accord pour lâcher l’Afrique.

Qu’en résulterait il ?

Nous pouvons, plus ou moins, nous en faire une idée par ce qui est advenu de l’ancienne colonie française de Saint-Domingue, depuis que les noirs de Toussaint Louverture, plus frottés de civilisation, certes, que les indigènes du Haut Congo, ont conquis leur indépendance et fondé, non sans le