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Page:Vandervelde - La Belgique et le Congo, le passé, le présent, l’avenir.djvu/233

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quant aux indigènes une législation calquée sur les lois belges, par des jurisconsultes qui ne connaissaient pas le Congo, et des ordonnances gouvernementales qui ne tenaient compte de leurs institutions et de leurs coutumes que pour les exploiter plus efficacement.

C’est ce que constatait, par exemple, dans son rapport[1], la Commission d’enquête de 1905 :

On s’est servi des chefs pour obtenir des indigènes le travail et les prestations, mais uniquement en les rendant responsables de tous les manquements, de toutes les fautes de leurs gens, sans leur reconnaître, d’autre part, aucune autorité, aucun droit. Aussi, beaucoup d’entre eux ont disparu ou se tiennent cachés ; d’autres refusent obstinément d’entrer en contact avec les blancs…

La Commission eût pu ajouter que, souvent, le véritable chef, pour se soustraire à ses obligations fiscales, se cachait dans la foule des contribuables, tandis qu’on présentait à l’agent de l’État un « homme de paille », quelque pauvre diable d’esclave : le chef de Bula Matadi.

Il est vrai que, depuis cette époque, le régime gouvernemental a subi des modifications profondes.

L’absolutisme a pris fin. Le gouvernement du Congo, depuis la reprise, est soumis à un double contrôle : celui du Parlement et celui du Conseil colonial, dont la majorité des membres, malheureusement, nommée par le Roi, c’est-à-dire, en fait, par le ministre des Colonies, n’a vis-à-vis de celui-ci qu’une indépendance très relative. D’autre part, le décret du 10 mai 1910, sur les chefferies, constitue, au point de vue du respect des institutions et des coutumes indigènes, un progrès sensible sur les décrets antérieurs.

Mais ce qui a été fait n’est rien auprès de ce qui reste à faire.

Les réformes qui ont été réalisées jusqu’ici n’ont pas touché au système de centralisation gouvernementale, de bureau-

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