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Page:Vandervelde - La Belgique et le Congo, le passé, le présent, l’avenir.djvu/27

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l’origine, les confidents de sa pensée, il ne semble pas que ses premiers projets en Afrique aient été des projets de colonisation proprement dite. Son but était bien celui qu’il affirmait : faire œuvre humanitaire ; réprimer la traite des esclaves ; ouvrir le continent africain au commerce international.

Seulement, si ses propositions reçurent, d’abord, un accueil flatteur chez les dirigeants des grandes nations, dont beaucoup tinrent à présider les comités de l’Association internationale, elles se heurtèrent à l’indifférence des masses, et, en définitive, le Comité belge, c’est-à-dire le roi Léopold, se trouva seul, ou presque seul, à faire preuve d’activité.

C’est à peu près exclusivement à ses frais, notamment, que l’on organisa, pendant neuf années, des expéditions, partant de la côte orientale d’Afrique, qui coûtèrent beaucoup d’argent et donnèrent peu de résultats.

Dès l’origine, cependant, l’action sur la côte occidentale eut des partisans décidés, et, en mai 1878, Émile Banning remit au Roi un mémoire proposant de créer des établissements dans le Cameroun.

Mais, à ce moment, Stanley venait de rentrer en Europe, après avoir traversé l’Afrique, de Zanzibar à Boma, et découvert le cours du Congo, depuis Nyangwé jusqu’à la mer. Comme il arrivait à Marseille, au mois de janvier 1878, il trouva à la gare deux délégués du roi des Belges, le baron Greindl et le général américain Sanford, qui lui demandèrent son concours pour l’exécution d’un projet grandiose que ses découvertes avaient fait naître.

Ce fut le coup de génie de Léopold II.

Alors que l’Angleterre hésitait, que le Portugal laissait prescrire ses droits historiques, que la France ne donnait à de Brazza qu’un concours insuffisant, que la Hollande se contentait d’une forte situation commerciale dans le Bas Congo, il pressentit l’avenir des territoires immenses que Stanley venait de parcourir, et, saisissant l’occasion, proposa au grand