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Page:Vandervelde - La Belgique et le Congo, le passé, le présent, l’avenir.djvu/277

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augmentera rapidement sous le régime de la liberté commerciale.

Soit, mais n’oublions pas que ce commerce est grevé de lourdes charges — puisque la dette publique du Congo est de cent dix millions, plus trente et un millions d’avances qui n’ont pas été remboursées à la Belgique — et, d’autre part, ne nous faisons pas sur les résultats du régime nouveau, des illusions que l’événement ne tarderait pas à dissiper.

La liberté commerciale, plus ou moins complète, existe depuis des années dans d’autres colonies, et nous ne voyons pas qu’en général, le commerce qu’elles font avec leurs métropoles respectives ait une importance qui justifie quant à présent, les dépenses faites par l’État colonisateur.

Le commerce de l’Allemagne avec ses colonies, par exemple, est loin de représenter 1 p. 100 de son commerce total, et, pour arriver à ce maigre résultat, elle a dépensé, depuis 1884, près d’un milliard de marks, dont 472 millions rien que pour la guerre contre les Herreros[1].

Le commerce annuel de la France dépasse dix milliards de francs. Pendant la période quinquennale 1904-1908, elle a fait en moyenne avec ses colonies un peu plus d’un milliard d’affaires : 538 millions à l’exportation, 10,05 p. 100 de l’ensemble, et 623 millions à l’importation, 12,35 p. 100. Mais, tandis que ses relations d’affaires avec l’étranger n’étaient grevées d’autres charges que l’entretien du corps consulaire et les primes à la marine marchande, son commerce colonial, qui rapportait certes de gros bénéfices à ceux qui le pratiquent, faisait retomber sur les contribuables une dépense que M. Charles

  1. Dans le Statistisches Jahrbuch für das Deutsche Reich. il y a, depuis plusieurs années, un chapitre consacré à la situation financière et au commerce des colonies, du Deutsche Schutzgebiet. — Voir également, B. Von Koenig : German colonies, dans Economic Review (1908), qui résume la situation des colonies allemandes en ces termes : « En 1908, l’Allemagne avait dépensé 800 millions de marks, pour un territoire grand comme cinq fois l’Empire, avec une population de 15 millions environ, un capital investi de 1000 millions de marks, et un mouvement commercial de 250 millions de marks » (y compris, bien entendu, le commerce avec d’autres pays que l’Allemagne).