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Page:Vandervelde - La Belgique et le Congo, le passé, le présent, l’avenir.djvu/93

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les travaux du chemin de fer des Grands Lacs étant exécutés par l’État, mais pour le compte d’une société particulière, la Compagnie des Grands Lacs, le décret était contraire à la loi coloniale qui interdit le travail forcé pour le compte de particuliers. D’autre part, ils insistèrent sur le fait que le régime en vigueur était en opposition complète avec les idées exprimées en 1905 par la Commission d’enquête.

Le rapport de la Commission, en effet, subordonnait à deux conditions essentielles l’admissibilité de la réquisition en matière de travaux publics :

a) Le terme de service devait être beaucoup plus court que pour les soldats : trois ans au maximum.

b) Les travaux devraient être de nature à procurer aux indigènes un bénéfice immédiat.

Or, sous le régime du décret de 1906, les recrutements se faisaient pour un terme de cinq ans, et, d’autre part, si l’on pouvait soutenir que les travaux de la route d’automobiles de l’Uele ou du chemin de fer des Grands Lacs étaient de nature à procurer un bénéfice immédiat aux indigènes d’alentour, cet argument perdait toute portée lorsque le recrutement — comme c’était le cas — s’effectuait dans tous les districts du Congo.

D’après le texte même du décret, en effet, le contingent pour 1909 était réparti de la manière suivante : Province Orientale (1.000) ; Aruwimi (100) ; Ubangi (100) : Ba’ngala (100) ; Équateur (150) ; Kasaï (325) ; Lac Léopold II (75) ; Stanley Pool et Kwango (100) ; Matadi et Cataractes (150).

Plus de la moitié des réquisitionnaires, donc, étaient recrutés en dehors de la région où s’effectuaient les travaux. Certains d’entre eux, et notamment ceux des districts du Stanley Pool, du Kwango, de Matadi, des Cataractes devaient faire plus d’un mois de voyage à pied, en chemin de fer, puis dans l’entrepont des bateaux du fleuve, avant d’être amenés sur les chantiers ; et, dans une lettre qu’il m’adressait à cette époque, un officier belge, ayant séjourné longtemps au Congo, et y