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Page:Variétés Tome I.djvu/222

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moineau, à qui elle dict souvent en sa présence : Guillery, garde ta queüe17. Nonobstant elle ne fait que sauter, dancer, chanter, et n’en tient conte. Elle voudroit bien la marier, mais elle ne trouve personne pour son argent, par ce qu’elle a pris un trop grand vol ; elle demande d’où peut proceder cela, et luy donner conseil.

— Ma bonne dame, levez la main. Par le serment que vous avez faict, dites vérité. Comment vous estes-vous gouvernée en jeunesse ?

— Monsieur le lieutenant, elle est sourde ; elle n’entend pas ce que vous luy dictes.

— Procureur, faictes-luy entendre et criez bien haut.

— Madame, monsieur le lieutenant demande comment vous vous estes gouvernée en jeunesse ?

— Et Dieu ! mon amy, je ne viens pas icy pour cela ; je viens pour avoir conseil. Ne songez plus au temps passé ; chacun a faict sa charge, faictes la vostre. C’est à un curé de nostre parroisse à qui j’ay autrefois tout dict, qui est mort, et puis il s’est passé depuis quarante ans, plus de trois jubilez, qui nous ont tout debarbouillez.

— Escrivez, greffier :

« Attendu que la fille ressemble à la tulippe, qu’elle est belle à la veüe et puante à l’odorat ; aussi que la pye ressemble tousjours à sa mère par la


17. Refrain d’une complainte faite à propos du supplice de Guillery. On y jouoit sur le surnom du fameux brigand, qui se trouvoit aussi être le nom que le peuple donnoit au moineau franc.