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Page:Variétés Tome I.djvu/362

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Oüi, Messieurs, vous voyez ici notre misère :

Nous sommes orphelins . . . . .4

Qui ne seroit touché de l’état pitoyable où ils sont réduits !… C’est à vous, Messieurs, à les vanger et leur mère. La mort d’un père et d’un époux crie et demande justice. Faut-il laisser un semblable forfait impuni ? Polichinel mérite les tourmens les plus inouïs. Après ce que je viens d’avoir l’honneur de vous dire, pourroit-il échapper à la rigueur de vos jugemens ? L’intérêt particulier de mes parties, l’intérêt public, tout se lie et se joint contre cet infâme meurtrier pour qu’il subisse la peine due à ses crimes.

Ne croyez pas, en l’épargnant, de laisser un ennemi aux rats : sa drogue n’est que celle d’un opérateur, plus nuisible, plus dangereuse qu’utile ; les fils de Mitoulet, bientôt devenus grands, feront revivre leur père et rendront à l’univers sa tranquillité.

Je conclus, Messieurs, à ce qu’il plaise à la Cour déclarer ledit Polichinel düement atteint et convaincu du meurtre commis en la personne de messire Rominagrobis Mitoulet, et, pour réparation de ce crime, ordonner que son enseigne sera dépendüe et lui y être pendu à la place ; déclarer ses biens acquis et confisqués au profit de la veuve et de ses fils, avec tous dépens, dommages et intérêts, et, en cas de récidive, le condamner aux galères.

Leu et approuvé par moi, censeur pour la police, ce 29 août 1743.

Vu l’approbation, permis d’imprimer. À Paris, ce 2 septembre 1743.

Marville.



4. Les Plaideurs, acte III, scène avant-dernière.