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Page:Variétés Tome II.djvu/107

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tion de sa face qu’il estoit traistre, non pas qu’il voulust induire que necessairement il le fust, mais que, naturellement et par inclination, il l’estoit, et pourtant qu’il ne vouloit pas croire à sa depposition.

À la representation qui luy fut faite des diamans, perles et chesnes d’or, pour les recognoistre, considerant qu’il avoit esté si mal advisé que de porter vendre les diamans dans les boëttes mesmes esquelles les marchands venitiens les avoient mis sur cire rouge, marquées de lettres, chiffres et estoiles, il accusa stupidité, et puis, l’excusant, dit que tous hommes estoient hommes, sujets à faillir, et que Gallien disoit que le meilleur medecin estoit celuy qui faisoit le moins de fautes.

Sur ce que particulierement on lui remonstra que seul il n’avoit peu faire toutes ces faulses lettres, et qu’il falloit qu’il se fust servi d’un tiers, d’autant que quand il avoit escrit en evesque et en marquis, ses lettres estoient toutes illustres, reverendes et céremonieuses ; et, quand il avoit escrit en marchand, ses paroles n’estoient que termes et pratiques de marchand ; d’ailleurs, qu’il avoit falsiffié plusieurs sortes d’escriture et cacheté ses lettres du cachet d’Alexandre Bossa, il respondit qu’il ne s’estoit servi que de lui seul, et que, bien qu’il ne fust evesque, marquis ny marchand, neantmoins il n’ignoroit pas les tiltres, honneurs et creances qui leur appartiennent, et dont ordinairement ils usent en leurs missives ; quant à l’imitation de l’escriture, que sa trop grande science avoit esté la cause de son mal, y estant tellement expert et subtil, qu’en une heure il pouvoit contrefaire cinquante sortes d’escritures, de telle façon qu’il