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Page:Variétés Tome II.djvu/205

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Et crains qu’il n’y ait de l’excez

Parmy toutes ses escritures.

Je crains fort un clerc affamé,
Lequel ne soit point estimé
Que pour frequenter les beuvettes,
Demander pinte et puis le pot,
Et qui n’a jamais de pochettes
Quand il faut payer son escot.

Ces droites n’ont point de memoire,
Si ce n’est quand on les fait boire ;
Ils disent à de pauvres gens
Qu’ils sont tousjours en l’audience,
Qu’ils sçavent faire les despens,
Et s’en mocquent en leur presence.

L’audience est un cabaret ;
Le bon vin blanc et le clairet
Sont les despens qu’ils sçavent faire.
L’un est assis, l’autre debout,
L’autre en mangeant parle d’affaire ;
Mais la partie paye tout.

Cependant qu’ils font bonne chère,
Leurs maistres boivent la poussière
Et les atomes du Palais ;
Et puis ils vont à leurs maistresses,
Le front joyeux et le teint frais,
Faire leurs jeux et leurs caresses.

J’espargnerois les procureurs ;
Mais on m’a dit que les meilleurs
Sont les plus grands larrons de France.
Ils sont donc beaucoup de larrons,
Car je vous dis en asseurance
Que les procureurs sont tous bons.