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Page:Variétés Tome II.djvu/215

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proüe deux autres astrologues : ils sont marquez au front d’une tache d’extravagance qu’ils ne sçauroient couvrir de toute la main.

Icy, compagnons ! s’escria-t-il. Mais Charon, qui se faschoit de le voir parler en maistre chez soy : Je ne sais que faire de ces foux, dit-il ; qu’ils attendent à un autre temps. Tous les faiseurs d’horoscope meurent si gueux, que je n’ay jamais esté payé d’un que de Bellantius, Italien qui traitoit de la medecine par le cours des planettes.

Ah ! Charon, respondit Mauregard, si tu sçavois quels hommes tu refuses de porter, des hommes qui ont porté le ciel, les plus grands genies de la nature, qui connoissent tout avec evidence, qui sans aucun livre d’histoire peuvent lire dans le ciel toutes les annales du monde, qui mesme en pourroient faire pour dix mil ans par delà l’embrasement universel ; en un mot, des personnages qui n’ont point ny prix ny de pareils ! Jamais ta barque n’a esté chargée de si excellens hommes ; quelque jour cessera la bassesse de ta fortune pour avoir eu l’honneur de les passer ; mais parce que ceux de ta profession regardent plus au gain present qu’à l’honneur à venir, ils ont de quoy te payer, j’en réponds ; ils ont vendu avant que de mourir les coppies de deux almanachs si bien calculez qu’ils


avoir trop bien lu, non dans les astres, mais dans les cœurs, on l’avoit envoyé à Marseille, où il devoit, pendant neuf ans, tirer la rame sur les galères du roi, ce qui avoit engagé les pronostiqueurs à ne plus annoncer que des prospérités. » La Cour de Marie de Médicis, 1830, in-8, p. 130.