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Page:Variétés Tome II.djvu/263

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La lune et la femme legère sont d’une mesme qualité.

La lune seroit tousjours noire
Si le soleil ne la baisoit,
Et la femme seroit sans gloire
Si l’homme ne la caressoit.

Souvent la lune entre en furie,
Jalouse des amours des dieux,
Et la femme, par jalousie,
Trouble l’air, la terre et les cieux.

La lune renverse, cruelle,
L’esprit leger et vacillant ;
Mais il n’est si ferme cervelle
Que la femme n’aille troublant.

Il est bien vray qu’en contre-eschange
Ces deux ne se suivent tousjours :
Car tous les mois la lune change ;
La femme change tous les jours.

La lune pleine enfle les sources
Et les moësles des os creux ;
La femme desenfle nos bourses
Et vuide nos os moësleux.

La lune est fidèle et n’estime
Qu’Endimion, son bel amant ;
Mais la femme n’est qu’un abisme
Qui n’a point d’assouvissement.