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Page:Variétés Tome II.djvu/302

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Vous saurez donc que, depuis le mois d’avril dernier, la Trueaumont2, avec la participation du chevalier de Rohan3, écrivit une lettre à Monterey4 sans être datée ni signée. Par cette lettre, il lui marquoit que la Normandie étoit très disposée à se soulever, et que, s’il vouloit faire venir une flotte qui portât 6000 hommes, des armes pour armer 20000 hommes, des outils pour faire des siéges et deux millions de livres, qu’il y avoit un grand seigneur qui s’engageroit, pourvu qu’on lui assurât 30000 écus de pension, et dans cette lettre il demandoit 20000 écus pour lui, la Trueaumont, ce qui est plutôt, comme on peut remarquer, une façon d’adresse qu’une imprudence, se persuadant que son nom, qui


2. « Il étoit fils d’un auditeur de la Chambre des comptes de Rouen, lisons-nous dans l’Histoire de la vie et du régne de Louis XIV, publiée par le jésuite de La Motte sous le pseudonyme de La Hode. C’étoit un homme de résolution, d’un esprit souple et adroit pour le maniement des affaires, également capable d’une bonne et d’une mauvaise action… Depuis quelques années, il s’étoit fort attaché au chevalier de Rohan. L’un et l’autre, également ennuyés du mauvais état de leur fortune, que leurs débauches et leurs dérèglements avoient entièrement ruinée, cherchèrent à la rendre meilleure par toutes les mauvaises ressources que l’extrémité fait tenter à ceux qui ne savent plus où donner de la tête. »

3. Selon La Hode, c’étoit « l’un des hommes de France le mieux fait, hardi, mais sans jugement. »

4. Le comte de Monterei étoit un des généraux du prince d’Orange. Il commandoit, à Senef, un des corps de l’armée de 90,000 hommes que venoit de battre le prince de Condé.