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Page:Variétés Tome II.djvu/309

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Après qu’on lui eut prononcé son arrêt, elle lui reprocha d’avoir gardé ses lettres, et, de Préault lui en demandant pardon, elle lui dit que cela n’étoit plus de saison, et qu’il ne falloit songer qu’à bien mourir.

C’est maintenant que vous allez apprendre des choses bien particulières, puisque c’est de la conversation qu’elle eut avec ce gentilhomme de mes amis que je vais vous entretenir.

Vous saurez que, trois heures avant qu’on l’exécutât, mon ami demanda à MM. de Besons et de Pommereuil, commissaires, la permission de parler à cette dame en présence du sieur le Mazier, greffier. Cela lui étant accordé, il fit dire son nom, et elle voulut bien le voir. Dès qu’il entra dans la chapelle, où elle étoit assise près du feu avec son confesseur, elle se leva et le reçut avec autant de civilité qu’elle l’auroit pu s’il fût venu dans sa chambre lui rendre une visite ordinaire. Il lui témoigna d’abord le déplaisir qu’il avoit de la voir dans l’état où elle étoit, et lui dit ensuite qu’il avoit jugé qu’il ne la toucheroit pas tant que si c’eût été son cousin de Sanra, comme elle avoit cru, ayant même cette pensée que son nom et son visage ne lui étoient pas connus. Elle lui repondit sans hésiter qu’elle connoissoit l’un et l’autre, et même sa famille, à qui elle étoit très humble servante. Ce gentilhomme lui dit, après cela, qu’il n’avoit pu refuser à monsieur son frère de la venir voir pour lui témoigner de sa part la douleur qu’il ressentoit de son infortune, et lui dire en même temps qu’il avoit été se jeter aux pieds du roi, et lui demander grace