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Page:Variétés Tome II.djvu/70

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sa sentence, dict avec S. Cyprian, d’un visage non troublé et d’une contenance asseurée : Deo gratias.

Ayant donc fait toutes les preuves de constance et magnanimité d’un asseuré rencontre, sans se troubler aucunement ; ayant les yeux et le visage tout trempés, les piedz tout escorchés, les arteils disloquez et pendillans à cause du feu, il monte sur l’eschafault, et, d’une grande resolution, se laisse attacher au posteau et à la croix, où il ne monstra aucun signe que ces griefs et cruels tormens l’estonassent tant soit peu, quoique le seul souvenir apportast grand horreur et estonnement ; ce qui fut assez tesmoigné par plusieurs des assistans, lesquels, ne pouvant veoir ces cruelles passions, esvanouirent sur-le-champ. Mais tout ainsi que cest invincible Balthazar auroit porté patiemment les gehennes et cruautez precedentes et pris à gré la sentence de mort, ainsi a-t-il, à la veue de toute la cité, soustenu courageusement les autres assaults, et a benist et consacré de son sang nostre patrie. Il a semé et planté plusieurs martyrs qui, suivans son exemple, viendront après lui. Et ceux-là se trompent lourdement, lesquels, ne pouvans oster la racine des martyrs, qui est Christ, coupent souvent les rejectons, ne s’avisans pas qu’estans ainsi coupez ils renaissent et multiplient plus que jamais. Estant doncq ainsi lié et garotté sur le supplice, cependant que les executeurs bourreaux s’amusoient à rompre à grands coups de marteaux le pistolet duquel il avoit despesché Nanssau, ne le pouvans à peine briser, on despouille le pauvre patient, tout confit en devotion et ravi en prières ; on luy avalle