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Page:Variétés Tome II.djvu/72

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ses qu’ils pouvoient, affin que par là il sentist plus de mal, luy tirent dehors les intestins, et, non contens de cela, lui arrachent cruellement le cœur de son siége et le luy jettent en la bouche, laquelle ils voyoient encore remuer, tant ses lèvres estoient accoutumées à prier Dieu. Il ne jetta aucun soupir, et monstra lors qu’il ne s’estoit servi ni de langue ni de voix que pour faire preuve de sa vertu. Ainsi, Gerard, vray martyr et père de la patrie, sans aucune alteration de coleur en son visage, rendit à Dieu ceste belle ame, invincible et glorieuse, qui le fera triompher heureusement par dessus tous les martyrs en tousjours florissantes et immortelles années. Ce fut le samedy devant l’octave de la Feste-Dieu, après l’octave de la Pentecoste, quatorzième jour de juillet, demy-heure avant midy, au mesme jour et un peu devant que j’eusse descrit la presente histoire. On luy separa la teste du corps, laquelle on voit encore aujourdh’uy sur les murailles de la ville au bout d’une lance, où elle se manifeste plus belle que jamais ; le corps fut divisé en quatre parties11, pendues à des paux attachez aux quatre principalles portes de la ville12.


11. « Postremo sectum in partes quatuor, per totidem urbis loca distraxere. »

12. M. Weiss, à l’article Gérard (Balthazar) de la Biographie universelle, dit que Philippe II récompensa la famille du meurtrier, et lui donna même des lettres de noblesse, ce qui est vrai ; mais il eût dû ajouter que par ces lettres, semblables à celles que Charles VII avoit accordées à Jeanne d’Arc, le ventre anoblissoit. Les descendants d’une sœur