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Page:Variétés Tome II.djvu/80

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fier, ou pour faire un cachet de marque semblable à celle d’Alexandre Bossa.

Outre les quinze jours que Fava avoit sejourné à Naples, il y sejourna encore un mois et demy, pendant lequel il s’instruisit et s’asseura du tout à falsifier l’escriture d’Alexandre Bossa et celle de Bordenali.

Sur le point de son partement, il veid un pauvre miserable condamné à la mort, et que l’on alloit executer pour avoir fait une faulse lettre de change de quarante ou cinquante escus ; mais, de bonne rencontre pour ce miserable, passèrent par le lieu du suplice les vice-rois de Naples et de Sicile, et le cardinal d’Aquaviva, qui lui firent grace7.

Plus encouragé de ceste grâce que retenu de la condemnation de ce faussaire, Fava, au mois de juillet, part pour Naples et vient à Padouë pour executer le stratagème de faulseté qu’il avoit desseigné.

À Padoüe, il s’habille en simple prestre8, et va, sur le soir, trouver l’evesque de Concordia9, dont il avoit autrefois oüy parler, suppose et luy fait entendre qu’il estoit l’evesque de Venafry, au royaume de Naples10 ; que quelques seigneurs napolitains, ses


7. Cette particularité est omise dans la relation de l’Esprit du Mercure.

8. Selon le Suppl. au Journ. de l’Estoille, il auroit fait, sous ce déguisement, tout le voyage de Naples à Padoue.

9. Concordia, qui étoit alors une ville assez importante de la république de Venise, n’est plus qu’un pauvre bourg de 1,400 habitants, qui a toutefois conservé son évêché.

10. C’est une petite ville de la terre de Labour, un peu plus peuplée, mais plus déchue que Concordia, puisqu’elle